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L’humour et la mort


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L’humour et la mort semblent être des concepts contradictoires, pourtant, à travers les âges et les cultures, l’humour a souvent été utilisé pour atténuer la douleur liée à la perte. Dans cet article, nous allons explorer comment différentes sociétés utilisent le rire et l’humour pour surmonter la gravité de la mort et rendre hommage à ceux qui nous quittent.

Humour et mort : un duo inattendu pour apprivoiser l’inéluctable

La mort, cet événement inéluctable, suscite souvent tristesse et gravité. Pourtant, de nombreuses cultures utilisent l’humour pour apprivoiser cette étape de la vie. Que ce soit pour alléger le fardeau du deuil ou pour créer des souvenirs heureux, le rire accompagne parfois les moments les plus sombres. Du Día de los Muertos mexicain à l’humour noir de l’Occident, l’humour permet de désacraliser la mort et de rendre ce moment plus supportable. Ce contraste fascinant entre l’horreur de la mort et la légèreté de l’humour révèle un mécanisme de survie, profondément ancré dans notre psychologie collective, qui nous aide à naviguer à travers la douleur et la perte.

L’humour pour atténuer la douleur

L’humour, utilisé pour soulager la douleur émotionnelle et physique, trouve une place importante dans les soins palliatifs et les funérailles. Selon Pathways Home Health and Hospice, l’humour permet de réduire le stress et de créer des moments d’humanité entre patients et soignants​. En soins palliatifs, il sert de levier pour atténuer l’angoisse de la fin de vie, permettant aux personnes en fin de vie et à leurs proches de mieux accepter la réalité de la mort.

Au Mexique, par exemple, la célébration du Día de los Muertos incarne parfaitement cette approche. Plutôt qu’un événement morbide, cette fête est une occasion joyeuse de se souvenir des morts avec humour et festivités. Les familles construisent des autels, décorés avec des squelettes souriants et des anecdotes amusantes, rendant hommage aux défunts avec des histoires et des plaisanteries qui les célèbrent dans la joie.

Dans la culture occidentale, l’humour noir s’est fait une place de choix, notamment dans les contextes funéraires et les discours sur la mort. En effet, l’humour noir, ou gallows humor, permet de désamorcer l’inconfort lié à la mort. Cet humour, souvent macabre, joue un rôle cathartique pour les personnes confrontées à des situations émotionnellement lourdes, comme en témoignent plusieurs études publiées sur Psychology Today​.

Enfin, dans certaines cultures africaines, l’humour et les célébrations joyeuses font partie intégrante des funérailles. Ces cérémonies, bien que tristes, comportent des danses, des chants et des blagues, montrant que même la mort peut être l’occasion de célébrer la vie et de se souvenir avec un sourire.

L’humour, lorsqu’il est bien utilisé, est donc un puissant remède face à la gravité de la mort.

L’humour noir et la mort

L’humour noir, souvent défini comme une forme d’humour qui aborde des sujets tragiques ou tabous avec légèreté, trouve ses racines dans une réaction profondément humaine face à l’absurdité de la mort. Ce type d’humour permet de prendre du recul sur des sujets douloureux, en rendant supportables des situations perçues comme insurmontables. C’est un rire amer, parfois cynique, mais essentiel pour désamorcer les peurs et l’inconfort que suscite la mort.

L’humour noir selon André Breton : désacraliser la mort pour résister

André Breton a popularisé l’expression « humour noir » dans les années 1930, notamment avec son ouvrage Anthologie de l’humour noir. Breton s’inspire d’auteurs comme Jonathan Swift et le Marquis de Sade pour montrer comment cet humour subversif permet de tourner en dérision les conventions sociales, en particulier celles liées à la mort et au tragique de la vie. Selon Breton, cet humour est une forme de résistance intellectuelle, une manière de se libérer des carcans moraux imposés par la société. Il voit l’humour noir comme une arme contre le conformisme et l’acceptation passive de l’inéluctabilité de la mort.

Swift et Sade : précurseurs de l’humour et de la mort subversifs

On cite souvent Jonathan Swift, célèbre pour ses écrits satiriques comme Les Voyages de Gulliver, comme un pionnier de l’humour noir. Dans ses écrits, il n’hésite pas à se moquer des élites et de la condition humaine, utilisant la mort comme un sujet récurrent pour dénoncer l’hypocrisie et l’absurdité des comportements humains. Dans son essai satirique Modeste Proposition, Swift propose de résoudre la pauvreté en mangeant les enfants des pauvres, un exemple extrême de la manière dont l’humour noir peut choquer tout en pointant du doigt des réalités sociales.

Dérision de la mort : une arme littéraire contre le conformisme

Le Marquis de Sade, autre figure littéraire marquante, a également utilisé la mort dans ses œuvres comme un moyen de subversion. Chez Sade, la mort n’est pas seulement un sujet de réflexion philosophique, mais elle devient aussi un objet de jeu et de plaisir sadique. Par ce biais, il propose une vision nihiliste du monde, où la souffrance et la mort sont non seulement inévitables, mais parfois même célébrées.

L’humour noir, tel que développé par Breton, Swift et Sade, offre ainsi une manière unique de traiter la mort : non pas avec peur ou respect, mais avec irrévérence et audace. Cela permet non seulement de désacraliser la mort, mais aussi de se réapproprier ce moment tragique en l’intégrant à une vision plus large et plus absurde de l’existence humaine.

Humour et mort : une dualité persistante dans la culture

L’humour noir continue de jouer un rôle important dans la littérature et la culture populaire, de Kafka à Woody Allen, en passant par des œuvres contemporaines. Il reflète notre besoin de maîtriser, ne serait-ce que par le rire, une réalité à laquelle nous ne pouvons échapper.

Anecdotes et traditions funéraires humoristiques

L’humour n’est pas absent des funérailles, et certaines cultures l’intègrent même activement dans leurs rites. En Europe, les Écossais, par exemple, aiment partager des anecdotes humoristiques sur le défunt lors des enterrements. Ce moment permet de célébrer la vie de manière légère, avec des souvenirs drôles pour adoucir la douleur. De même, en Irlande, la tradition des wakes inclut souvent des histoires amusantes et des blagues. Ces veillées sont connues pour mêler rire et larmes, permettant aux proches de se souvenir des moments joyeux.

En Asie, des traditions similaires se retrouvent dans certains pays comme la Thaïlande. Lors des funérailles bouddhistes, les moines ou les membres de la famille racontent parfois des histoires légères sur le défunt, transformant la cérémonie en un moment de célébration de la vie plutôt que de tristesse pure. Cet usage de l’humour est souvent perçu comme une manière de soulager les tensions et d’accompagner l’âme dans sa nouvelle vie, tout en offrant du réconfort à ceux qui restent.

En Afrique, certaines communautés organisent des funérailles festives où l’humour joue un rôle central. Les histoires drôles et les chants sont utilisés pour honorer le défunt et permettre aux proches de se reconnecter à la joie, même en période de deuil. Ces traditions, bien que différentes dans leurs manifestations, ont en commun la volonté de montrer que la mort n’est pas une fin dramatique, mais plutôt une transition que l’on peut accompagner avec légèreté.

Humour et mort : une réponse humaine à l’inévitable

L’humour face à la mort est une réponse profondément humaine à une réalité tragique. Qu’il s’agisse d’humour noir, d’anecdotes légères ou de traditions funéraires festives, le rire permet de désacraliser la mort et de l’apprivoiser. En nous aidant à accepter cette étape inévitable de la vie, l’humour joue un rôle essentiel pour atténuer la douleur et rapprocher les vivants dans les moments les plus sombres.

Nous aimerions connaître vos histoires. Avez-vous assisté à des funérailles où l’humour jouait un rôle particulier ? Partagez vos anecdotes ou vos réflexions dans les commentaires ci-dessous !


Anthologie de l’humour noir : Cet ouvrage d’André Breton compile des textes d’auteurs qui abordent la mort avec un humour subversif. Disponible en librairie ou en bibliothèque. Ou bien cette version en ligne https://archive.org/details/anthologiedelhum0000bret/mode/2up

« Funèbre ! » de Juliette Cazes : Ce livre offre un tour du monde des rites funéraires, mêlant sérieux et humour pour présenter des traditions insolites. Fnac

« Les 10 meilleurs livres d’humour noir » : Une sélection de livres qui abordent des sujets sombres avec ironie et dérision. Audible


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